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Web et décroissance : vers un web « stationnaire » ?

Par Maxime Bréhin

Mini-conf (30 mn) :
Langue :
Français

Le sujet

Nous vivons un tournant majeur de la civilisation humaine dans sa totalité. Les crises se multiplient et le climat nous rappelle à l’ordre. Le modèle économique capitaliste et l’illusion de la croissance infinie sont montrés du doigt, cités comme coupables de cette situation.

Pour remédier à cela, de plus en plus d’économistes et de politiciens prônent la décroissance. Mais qu’est-ce au juste ? Et comment s’inscrirait alors le Web dans une société qui embrasserait la décroissance ? Et à l’inverse, que risque-t-il d’advenir si on continue avec le “business as usual” ?

C'est pour nous l’occasion de faire un état des lieux du Web, partant des intentions initiales pour arriver aux usages actuels et penser les scénarios futurs possibles et désirables.

En tant qu’artisans du Web, mais avant tout en tant qu’êtres humains, quelles questions doit-on se poser et quels rôles a-t-on à jouer dans la transformation nécessaire du Web et de notre société ?

J’explore ici mon cheminement de pensée, mes interrogations, mes doutes, les solutions que j’ai observées et parfois commencé à mettre en place autant du point de vue personnel que professionnel. Venez également partager vos questions, vos témoignages.

Présenté par

Transcription

Bonjour tout le monde, un énième sujet sur le climat.

Il n'y en pas assez dans les médias, on vient vous faire chier même à Paris Web.

J'imagine que le titre vous intrigue un peu, j'espère que je vais vous apporter un petit peu de réponses et pas trop vous emmerder.

Petit sondage pour commencer, est-ce qu'il y a des écoanxieux dans la salle ? Est-ce qu'il des colapsos, un peu.

Il y a quand même quelques-uns, je ne pensais pas qu'il y en aurait autant, des gens qui se pratiquent ou qui s'intéressent au low-tech à ces choses-là, pas mal, pas mal, c'est bien.

Bon, ça veut dire que j'ai un public, c'est bien, je ne partirai pas trop décevant peut-être.

Alors pourquoi ce titre « Web et décroissance » ?

Donc pour vous faire un petit plan en démarrage, l'idée c'est de partir peut-être pour la plupart d'entre vous, du coup, de certaines généralités qui concernent donc principalement le climat et de venir resserrer ça vers le numérique et le web et de nous poser la question du coup après de quelles solutions par rapport aux problématiques notamment climatiques, parce qu'on parle du climat, mais il y en a bien d'autres derrière, et en quoi du coup la décroissance vient s'intégrer là-dedans et qu'est-ce que la stationnarité ?
Il y en a qui ce sont documentés sur la décroissance, parce qu'en ce moment il y a un bouquin qui marche bien qui s'appelle « ralentir ou périr », je ne sais pas, il y en a qui l'ont lu ?
Levez la main ?
Bon, il n'y en a pas beaucoup, on va moins loin là.
Bon ben c'est bien, j'aurais peut-être des choses à vous apprendre.
Donc, c'était pas prévu le petit coup de promo en démarrage, d'ailleurs pour la marque, pour l'instant on l'a mis un peu en standby, donc merci, c'était pas l'objectif.
Donc là je ne viens pas avec ma casquette technique habituelle de formateurs et de développeurs, donc c'est vraiment une approche citoyenne avec une démarche qui est une démarche d'auto documentation depuis plusieurs années, que ce soit à travers les rapports, les résumés des rapports du GIEC ou d'autre chose, comme un atelier que j'anime et que je vous encourage à faire, ou des équivalences du moins qui s'appellent « inventons nos vies bas carbone », si vous connaissez la fresque du climat, c'est pendant de la fresque du climat, mais avec des solutions un petit peu en ouverture, il y a plein d'autres choses, il y a l'atelier d'automne par voilà, donc je vous donnerai deux trois ressources à la fin.
Donc, pour partir des constats, je parle des constats pas si actuels, donc parce comme certains parmi vous le savent peut-être, ça fait à minima depuis les années 70 qu'on sait vers quoi on se dirige, on a certaines modélisations mathématiques dont certains trouvent qu'elles sont indiscutables, mais qui aujourd'hui s'avèrent relativement fidèles à ce qu'on subit et qui nous ont donné les tendances de qu'on faisait de la merde en fait, qu'on faisait de la merde depuis tout ce temps-là, et du coup, quels sont ces constats, qu'est-ce qu'on fait avec tout ça ?
Donc, comme je vous dis, je vais faire des généralités, je vais prendre de gros raccourcis parce que je n'ai pas beaucoup de temps, je pourrai vous parler pendant des heures parce que c'est aussi un sujet qui me passionne.
Donc, la première chose c'est quels sont nos objectifs en termes d'objectif d'augmentation des températures ou du moins de plafonnement des températures d'ici à 2100, donc c'est 2 degrés, on doit plafonner, donc si on se fie en tout cas à ce que nous dit le GIEC, d'ailleurs leur première intention était sur du un degré et demi, c'est à cause des politiques qui ne sont pas sortis les doigts, qui sont revus la copie, puis ils se sont dit on va prendre la dernière chance, on va dire 2 degrés.
Donc pour ça il va falloir qu'on mène des efforts.
Là je vous fais un petit questionnement rapide, ceux et celles qui seraient déjà informés, à savoir est-ce qu'il en a parmi vous qui savent quel est en tonnes d'émissions de C02 équivalent l'impact, les émissions d'un français moyen ?
Comme ça à voix haute.
Je vois du 10.
On est autour de 10 tonnes d'émissions de C02 par français en moyenne.
Je vous passe le détail des calculs.
Il y a différentes choses qui n'étaient pas prises en compte initialement.
À savoir tout ce qui est externalité.
Et est-ce que vous savez quel est l'objectif du coup en termes de tonnes d'émissions ?
On est à 2 tonnes d'ici à 2050, pas d'ici à 2100.
Donc contrairement au titre de ce slide, c'est 2 tonnes par français moyen d'ici à 2050, donc on a une division par 5 a minima parce qu'on va essayer de ne pas diviser le plafond, si on peut viser en dessous c'est quand même mieux.
Donc cela représente un gros effort.
Est-ce que vous savez dans ces 10 tonnes actuelles, quelle est la proportion des émissions du numérique ?
Je prends le numérique en large, parce qu'on a pas exactement les chiffres pour le web a proprement parlé.
Est-ce qu'il y en a qui voit à peu près ?
Non.
4 ?
Alors non on est pas tant que ça, on est à 1,7.
Après ça dépend peut-être des sources que j'ai donne 1,7.
Donc on est à 1,7 tonne pour un objectif de 2 tonnes.
Donc pour vous la faire courte il va falloir choisir à un moment donné être sur l'ordi ou bouffer.
Cela va être assez simple.
Ou alors on change les choses.
Je vous dis je resserre un petit peu.
Je fais des généralités là aussi.
C'est-à-dire qu'on va parler de ce qu'étaient les projections, du moins sur la consommation énergétique du numérique.
Donc, on avait des prévisions qui avaient été faites.
On a différents modèles, différentes modélisations qui existent.
Donc là, ça mélange différents modèles, dont certains du Shift Project et une modélisation qui s'appelle Andrae & Edler, si je le prononce bien.
Donc, on voit une croissance.
Je schématise, mais on est sur une croissance.
Même le scénario de sobriété qui était proposé par le Shift Project, celui qu'on voit en vert avec les petits ronds là, on a l'impression que c'est stable, mais en fait, non, il y a une très légère croissance.
Dans tous les cas, les prévisions ont été à la croissance par rapport à de la diminution.
Si je reviens sur la slide précédente, regardez l'effort que ça donne de devoir diminuer.
Maintenant, on prend ça, on prend le numérique, on se dit le numérique, il augmente et il va pour continuer d'augmenter.
Pas très très raccord tout ça.
Donc, pour vous donner une statistique un peu globale, donc en 2019, le numérique aurait consommé 10 à 15% de l'électricité mondiale.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte.
10 à 15%.
Je trouve ça monstrueux.
Sachant que ça va augmenter.
Et si on parle de consommation électrique, il faut aussi voir quel est le mix de l'énergie.
Je ne sais pas si ça change.
Au niveau du mix énergétique mondial, parce que c'est vrai qu'en France, on a ce côté oui, mais c'est les autres, c'est les Chinois, c'est les méchants.
C'est tous ceux, mais pas nous, tous ceux qui ne sont pas nous parce que nous, en fait, on a du nucléaire en France.
Le nucléaire, c'est propre.
C'est très discutable.
On ne va pas rentrer dans le débat nucléaire, mais dans tous les cas, si on regarde le nucléaire, c'est comme vous voyez, c'est la petite partie en jaune dans le mix mondial.
Donc, même si on disait on passe tous au nucléaire demain à l'échelle mondiale, déjà, ça risquerait de poser quelques problèmes d'extraction des ressources, de géopolitique, de sécurité, de sûreté nucléaire, de donner du nucléaire à des gens qui n'ont pas donné du nucléaire.
Dans tous les cas, c'est pas possible de transiter, de changer radicalement le mix énergétique du jour au lendemain.
Donc, même si on est en train de faire de gros efforts, de belles progressions sur la dernière décennie sur le développement des énergies renouvelables, mais ça n'empêche qu'on ne peut pas continuer comme ça et on ne peut pas continuer à croître sur la consommation énergétique.
En tout cas, c'est mon avis.
Je vous donne un petit peu plus largement quelques stats qui concernent le numérique à proprement parler.
C'est comme je dis, j'essaie de faire un resserrement, même si c'est plus à titre informatif global, je pense qu'il y aura d'autres conférences qui vous donneront des informations plus intéressantes et orientées vers l'éco conception.
Mais c'est pour vous donner une petite une petite idée de ce que ça représente en termes de distribution.
Aujourd'hui, en termes d'émissions de CO2, on a une balance.
Les chiffres varient comme je précise quand même quelque chose, c'est que les chiffres autour du numérique, on est encore, c'est encore balbutions sur certains aspects.
Il y a des choses qui se contredisent parfois, en tout cas, qui ne sont pas tout à fait raccord.
Il est possible que certaines stats que j'avance ici soient fausses ou discutables.
Après, je vous laisserai le dire avec vos questions et tout ça.
Mais quoi qu'il en soit, on a des efforts qui sont amenés aussi bien sur le côté utilisateur en termes de soi de la consommation de la donnée, de la consommation du matériel, mais également en termes d'infrastructures.
On va avoir certains questionnements qui vont venir à part la suite.
Pour vous donner d'autres stats un petit peu frappantes, c'est la consommation matérielle.
On a un smartphone en moyenne qui va être renouvelé tous les deux ans, avec dans 80% des cas du matériel qui est encore fonctionnel.
Grosso modo, on pourrait le garder.
On a vraiment de gros efforts à mener, par exemple, déjà sur le matériel pour vous donner aussi le nombre d'équipements moyens, donc en tout cas dans les pays riches et en France, on est aux alentours d'une dizaine d'équipements par foyer par personne, pardon, pas par foyer, donc c'est complètement délirant.
Et puis, je vous ai mis deux, trois autres stats dont la dernière, c'est 19 milliards d'objets connectés en 2019, 48 en 2025.
On a fait, pour vous situer le truc, on a fait fois 48 entre 2010 et 2025 sur les objets connectés.
Alors il y a plein d'objets connectés qui peuvent avoir un vrai usage, on l'a vu avec la conférence précédente.
Maintenant, il faut voir vers quoi la plupart en fait sont utilisés, parce que c'est beaucoup de consommables et beaucoup de choses qui finissent finalement à la poubelle dans ce qu'on appellera les e-déchets.
Je précise également que, et ça on va le voir aussi avec les slides qui suivent, on va parler de ressources, d'extraction des minerais pour la constitution de ce qui concerne notre matériel, y compris les infrastructures sur lesquelles on s'appuie pour avoir notre magnifique web aujourd'hui.
Aujourd'hui, l'extraction des ressources donne lieu également, c'est toujours loin des yeux, loin du cœur, mais il y a des conflits armés, il y a des mouvements migratoires de population qui sont liés en fait à ces problématiques d'extractivisme et de consommation des minerais, des métaux notamment.
Donc ça, c'est vrai que nous, comme on ne le voit pas et on ne le ressent pas, on peut dire qu'on s'en fout, on met ça sous le tapis, mais il y a quelque chose qu'il va falloir quand même qu'on considère, c'est un sujet qu'il va falloir considérer quand même de l'air plus sérieuse, en tout cas si on veut que le monde soit un peu plus durable.
Du coup, il y a aussi la question de l'épuisement des ressources, donc si vous êtes un peu branché à l'étude systémique ou l'apsologie, tout ça, vous avez peut-être lu des choses comme quoi, mais de toute façon, ça va se régler tout seul parce que les ressources sont en train de se tarir.
On a passé le pic pétrolier en 2019 pendant le Covid, donc de toute façon, on va consommer moins d'énergie et pour ce qui est des ressources, c'est pareil, parce que si on a moins de pétrole, on peut moins creuser.
Alors oui et non.
Après, c'est à prendre avec des pincettes.
Ça dépend dans quelle échelle de temps.
Il y a probablement des choses qui seront vraies.
En fait, on est sur certaines hypothèses, on va dire de ce côté là.
Mais si on prend en tout cas ce que dit France Stratégie au niveau des ressources, on a de quoi faire, on a de quoi faire en tout cas à l'échelle de nos vies à nous.
Je pense qu'on aura encore de quoi de quoi creuser, de quoi construire du matériel.
Mais ça n’empêche pas que ce serait bien de creuser, de creuser moins et d'en extraire moins.
J'avais alors une autre stat que j'ai pas mise dans la slide.
C'était la part d'énergie primaire mondiale qui est consacrée au métaux.
Ils estiment qu'entre 2020 et 2030, on va augmenter de 40%, on va avoir augmenté de 40% en termes de consommation d'énergie primaire.
Je suis très focalisé sur l'énergie de ça, mais c'est parce que tout ce qu'on utilise aujourd'hui et qui constitue le web, c'est basé sur de l'énergie, il ne faut pas l'oublier, sur de l'énergie et du matériel.
Ce n'est pas parce que c'est immatériel en frontal pour nous que ça l'est réellement dans la vie.
Et d'ailleurs, c'est un des reproches que je fais au traitement des sujets climatiques.
C'est-à-dire que très souvent, quand on parle du climat, on nous dit qu'il faut manger moins de viande, il faut prendre moins la voiture.
Par contre, on ne nous dit pas attention, internet il y a des choses à faire, à part la super blague de notre gouvernement qui dit qu'il faut vider vos boîtes mail.
Ça marche moyen, ça reste utile, mais c'est quand même un peu du foutage de gueule.
Alors, je dis un peu les choses crûment.
On parlait donc des matériaux, on a parlé du recyclage du coût des matériaux.
Le recyclage des matériaux, c'est clairement, c'est catastrophique, on ne recycle quasiment rien.
Je ne sais pas s’il y en a qui, parmi vous, suivent un petit peu aussi le domaine de la mode, parce que comme j'ai été introduit, ma femme travaillait dans le secteur de la mode.
Donc, on est très informé sur ces sujets-là à l'année, mais aussi des ateliers dans ce cas.
Est-ce que certains parmi vous ont déjà vu, à main levée, des reportages sur le Ghana?
Ça vous parle le Ghana ?
Pas grand monde, il y en a quand même.
Alors, vous avez vu qui a vu des images du Ghana par rapport au déchet, aux montagnes de déchets de vêtements ?
Ok, ça fait du monde.
Est-ce qu'on a connu la même chose au Ghana avec les déchets électroniques?
Il y en a moins.
Donc, je vous encourage à les voir.
Il y a notamment un documentaire qui s'appelle Welcome to Sodom, qui est en accès libre sur internet, qui nous montre un petit peu la face cachée de nos poubelles électroniques, nos ordinateurs qui vont être joliment démantelés à l'air libre dans des feux de joie par des gens et des enfants.
Pour vous donner une autre statistique, la production, la quantité de déchets produits par français moyen en 2013, elle était de 22 kilos, 22 kilos de déchets électroniques annuels produits en 2013 par français.
Ça a augmenté.
On est sur une augmentation de 3 à 4% par an depuis plusieurs années.
La moyenne mondiale située en tout cas autour de 2016 vers 6 kilos.
Et sachant que pour les pays riches, on était autour de 20 kilos, les pays pauvres autour de 1 kilo.
Donc, on a toujours une proportion les riches face aux pauvres.
C'est-à-dire que nous, on fout de notre merde et notre merde, on l'envoie ailleurs.
C'est toujours un peu ça.
Du coup, le progrès technique.
On a parlé des IA, c'est super.
L'intelligence artificielle va nous sauver ou nous détruire au choix.
C'est vous qui choisissez.
Donc, est-ce que le progrès technique est une solution ?
La réponse, en fait, c'est non.
Là, pour le coup, il y a de plus en plus de scientifiques qui osent les lancers à vote.
Le technosolutionnisme tel quel, si on le prend, si on dit en fait, moi, je ne change rien.
De toute façon, c'est la technique qui va changer.
Ça ne va pas nous sauver.
Ça ne va rien changer.
Ça va plutôt ancrer un peu plus le problème.
J'ai un exemple qui est assez intéressant à ce sujet là.
Je ne sais pas s'il y en a parmi vous qui ont des voitures autonomes ?
Il y en a qui ont des voitures comme ça, qui se pilotent toutes seules.
Personne n'ose le dire, je ne veux pas montrer que j'ai de l'argent.
Donc pour vous donner une stat, on estime que si on arrivait à une proportion de 39% du parc automobile en voiture autonome, ce qu'on appellerait les robots taxis dans certains, dans certains lexiques, il y aurait un effet rebond du fait de cette approche technique qui augmenterait le trafic de 39%.
C'est 39% pour 39%, ça n'a rien à voir, c'est pas proportionnel systématiquement, mais là en l'occurrence, ça augmenterait de manière égale en proportion, en pourcentage, en tout cas le trafic automobile.
Donc ce n'est pas parce qu'on passe sur de la technologie que ça apporte des solutions.
On a toujours cette problématique d'usage.
On a cité tout à l'heure le Green IT.
J'étais heureux de pouvoir justement découvrir le Green IT à ParisWeb il y a quelques années, c'était très intéressant chez IBM.
Et donc le Green IT, si je cite, ils disent, au rythme actuel, le numérique sera considéré comme une ressource critique d'ici moins d'une génération.
Donc en gros, on peut avoir des super discours, bisounours, etc.
Le problème, c'est que si on ne change pas radicalement notre approche du numérique, alors là, du coup, je parle finalement un peu de politique pour ne pas dire beaucoup.
Mais en fait, nos métiers, ils vont, ils vont peut-être disparaître avec de l'IA, ce n'est même pas le sujet.
En fait, ici, c'est qu'en fait, si on n'a plus les éléments fondamentaux qui servent notre métier, à savoir l'énergie, les matériaux et le fait de savoir les faire durer, en fait, nos métiers, ils vont, ils vont changer de manière plus ou moins violente.
Donc grosso modo, ça peut se manifester comment ?
Ça peut être comme dans certains pays, vous prenez en Amérique du Sud, ils ont, par exemple, des ruptures d'approvisionnement en énergie.
Donc ils ont des coupures électriques.
Donc grosso modo, c'est-à-dire que nous dans notre quotidien, si notre métier, tous les jours, sur nos 35 heures de travail ou plus, c'est de faire du développement, si on n'a plus d'électricité, potentiellement, on ne peut plus développer.
Si on a des ordis avec des batteries, ça se trouve, ça fera un peu la passerelle, mais bon, ça changera pas forcément tout.
D'accord.
Et puis je vous rappelle que reprenons les stats du début.
En termes de consommation énergétique globale, on est sur une croissance et il faut réduire.
Donc il va falloir se questionner là-dessus.
Du coup, on fait quoi?
On ferme les yeux, on attend, on se met la tête dans le sable, on dit qu'il faut vider nos mails dans les boîtes mails.
Non, non, on va faire autre chose.
Donc, du coup, la décroissance, je suis à la bourre, donc je sais pas trop aller vite, mais donc la décroissance, c'est quoi?
La décroissance, si je prends la définition formelle dans Wikipédia, c'est, je cite, la décroissance est un concept politique, économique et social, prenant une réduction de la consommation.
Né dans les années 70, il s'appuie sur l'idée que la croissance économique ne garantit pas l'amélioration des conditions de vie de l'humanité et la durabilité du développement.
Donc là, dans Wikipédia, ils disent que c'est une idée que la croissance économique ne garantit pas l'amélioration.
Maintenant, je vais vous citer, c'est Olivier de Schutter.
Je ne sais pas si ça peut s'afficher, il y a une animation que je n'ai pas vue.
Olivier de Schutter qui est rien d'autre que le rapporteur spécial à l'ONU à l'extrême pauvreté et qui explique dans un livre qui est très intéressant qui s'appelle "Changer de boussole", que dans les économies avancées, le seuil de bien-être est atteint depuis les années 70, depuis le début des années 70.
Donc là, il parle des pays riches dont on fait partie.
Depuis cette date, les gains matériels supplémentaires ne contribuent plus à l'amélioration du bien-être subjectif de l'individu, c'est-à-dire ce que la plupart des gens appellent le bonheur.
Donc vraiment, on a grosso modo une preuve empirique que la croissance dans les pays riches passait à un certain stade, ça sert plus à grand-chose, voire ça l'empire.
J'ai une autre citation sur le sujet derrière.
Petite précision aussi sur, parce qu'on a quand même certains politiques qui ont la fâcheuse tendance à assimiler la notion de décroissance à la notion de récession.
Donc pour vous la faire courte, la décroissance, c'est quand on maîtrise la récession, c'est quand on fait n'importe quoi au niveau politique et tout se casse la gueule.
Alors je vous cite une autre personne, donc le livre dont je vous parlais et l'auteur dont je vous parlais, qui s'appelle Timothée Parrique, qui était économiste de la décroissance, et donc qui explique que dans les pays riches, elle, donc pour parler de la croissance, modernise la pauvreté sans l'éliminer, en plus d'exercer une pression insupportable sur les capacités de la planète à fournir des ressources en quantité suffisante et à absorber les pollutions.
Donc on a cette notion vraiment pour les pays riches de modernisation de la pauvreté, c'est à dire que on peut dire ouais, mais nous, de toute façon, on est bien tranquille, on a un petit confort, mais même en fait, au sein de nos pays, en fait, la croissance, elle est en train de nous desservir depuis une cinquantaine d'années maintenant, c'est à dire que au-delà de tout l'impact environnemental et climatique qu'on subit, il y a aussi un gros problème sur l'impact social.
Du coup, la croissance, la décroissance, c'est quoi?
C'est une finalité ?
Non, en fait, la finalité, c'est d'arriver à quelque chose de stationnaire, d'arriver à un équilibre, d'arriver à ce que certains appellent la post-croissance.
Donc du coup, pour le web, il faudrait qu'on arrive à quelque chose qui rentre dans les limites planétaires et qui soit un web stationnaire.
Alors je mets stationnaire, mais pas stagnant, dans le sens où c'est pas parce qu'en fait, on est dans un contexte qui est contraint, qu'on n'a pas le droit à de l'innovation et à du progrès.
Au contraire, justement, c'est d'autant plus intéressant.
Et là, c'est là que normalement je vous parle de low tech, mais cette approche, low tech, c'est OK, on a un milieu qui est très contraint et là, on va faire part vraiment de l'ingéniosité.
On n'est pas en train de rajouter un énième framework qui fait la même chose et qui, en fait, va niquer toutes les contraintes d'accessibilité.
C'est qui va peser 300 kilos de plus dans la page alors que ça sert à rien.
Donc là, on va vraiment devoir, pour celles et ceux qui seraient peut-être ingénieurs dans la salle, faire preuve de vraie ingéniosité, de vraie ingénierie également.
Je cite également du coup un rapport d'un groupement d'experts scientifiques internationaux qui est initié par des gens en Allemagne qui s'appelle D4S, Digitalization for Sustainability, avec mon super accent.
Et ils ont écrit un rapport qui s'appelle le Digital Reset, qui est en accès libre en PDF sur le net.
Moi, j'ai commandé un bouquin parce que j'aime bien lire du papier.
Et donc dans leur bouquin, ils se posent, enfin dans leur rapport, ils se posent cette question qui est, est-ce qu'une digitalisation qui est largement conduite par des business modèles expansionnistes peut apporter des réponses aux crises multiples de notre époque ?
Je vous gâche la surprise, c'est non.
Et donc, en fait, ils apportent plein de pistes de résolution, donc je n'ai pas le temps de tout vous exposer.
Grosso modo, on fait quoi avec tout ça ?
C'est-à-dire qu'on doit viser par rapport aux contraintes qui sont des contraintes climatiques, mais il n'y a pas que climat, j'insiste là-dessus.
Il y a aussi des contraintes qui sont des contraintes un peu plus matérielles, notamment autour des énergies.
Du coup, comment est-ce que nous, on va s'inscrire là-dedans ?
Donc, c'est une question que je vous pose, je ne prétends pas avoir toutes les réponses.
Mais en tout cas, il y a des choses qui sont vraiment très intéressantes et pour citer à nouveau ce rapport de Digital Reset.
Le titre est relativement clair, il faut remettre les choses à plat.
Il y a un vrai besoin au niveau de la gestion par les gouvernements du numérique.
Et grosso modo, il faut viser une intention de circularité, de soutenabilité, d'inclusivité.
C'est pour ça que je suis content d'être à ParisWeb parce qu'il y a ce côté bisounours, je ne vais pas me faire taper en sortant.
Mais voilà, je vous invite moi en tout cas à vous poser la question, à vous poser ces questions-là, allez vous documenter.
Parce que voilà, je n'ai pas plus de temps, j'aurais aimé vous en dire plus après.
Voilà, on a l'informel pour ça.
Donc c'est fini, j'ai réussi à tenir, j'ai un peu accéléré, désolé pour la LSF.
Je vous ai mis des ressources, alors je ne sais pas si ParisWeb met à dispo mes slides ou pas, ou si c'est à moi de les mettre à dispo.
Il y a des ressources que j'ai volontairement tronquées parce que j'en ai plein, plein, plein.
Et j'aurais pu vous en mettre des pages.
En termes de rapports, etc.
Il y a des livres aussi que je vous encourage à lire, notamment un qui s'appelle La ville stationnaire, qui est écrit par un monsieur qui s'appelle Philippe Bihouix et d'autres personnes.
Parce qu'il n'y a pas que lui.
Et qui, justement, parle de cette contrainte de stationnarité par rapport à l'urbanisme.
Mais en fait, si vous lisez ce bouquin, vous allez faire plein de rapports par rapport avec le web et toute la partie infrastructure.
Et pour finir, il y a, voilà, je vous encourage sinon plus largement à vous documenter sur les problématiques environnementales, climatiques, énergétiques.
Vous avez notamment la fresque du numérique pour vraiment ce qui est du numérique.
Vous avez un MOOC de l'Institut du Numérique Responsable qui est dispo, le documentaire dont je vous ai parlé.
Et enfin, vous avez la fresque du climat "Inventons nos vies bas carbone".
Et sinon, si vous avez la motivation, vous pouvez lire le rapport du GIEC.
Voilà, merci.